
À sa dernière réunion, le Conseil d'administration de la FÉÉCUM a appuyé à l'unanimité les démarches de l'Association des étudiant.e.s internationaux de l'Université de Moncton quant à la Soirée internationale, activité dans laquelle l'association était habituellement impliquée et importante à l'image de l'Université dans la communauté du Grand Moncton. Les membres répondants de l'AÉÉIUM ont voté à 75% de se retirer de l'activité afin d'envoyer un message clair à l'UMoncton que la hausse de 1000$ imposée cette année aux étudiants internationaux est inacceptable. Nous reproduisons ici la lettre ouverte envoyée au Conseil des gouverneurs par l'AÉÉIUM cette semaine :
Au Conseil des gouverneurs de l’Université de Moncton
Aux membres du Conseil des gouverneurs de l’Université de Moncton, vous qui défendez les valeurs de l’Université de Moncton pour laquelle « l’étudiante ou l’étudiant est au coeur des préoccupations », nous nous sentons le devoir de vous interpeller.
Tenant aux missions, valeurs et visions de l’Université de Moncton, tenant au fait que vous formez l’instance suprême de prise de décision en matière de gestion de l’Université et tenant au fait que vous avez à coeur les enjeux étudiants, nous les étudiantes et étudiants internationaux avons peine à comprendre la décision qui a été prise le samedi 13 avril dernier lors de la 226e séance du Conseil des gouverneurs. Décision selon laquelle les frais de scolarité des étudiantes et étudiants internationaux augmenteront de 999 $ pour l’année universitaire 2013-2014. Décision adoptée par 17 membres sur 20 votants. Décision que nous avons reçu comme un coup de poignard dans le dos.
Voici la dure réalité : les étudiants sont seuls dans la lutte pour le droit à une éducation accessible, seuls à comprendre qu’une augmentation des frais de scolarité de 999 $ du jour au lendemain est inacceptable. Seuls à se battre alors que l’Université dit avoir à coeur nos préoccupations. Ce n’est pas en investissant plus dans le recrutement, en engageant du personnel supplémentaire et en accordant des « parachutes dorés » que vous le prouverez.
Comment pensez-vous recruter de futurs étudiants si les étudiants actuels ne sont pas satisfaits ? L’université n’est pas une entreprise et les étudiants ne sont certainement pas des clients. Son but premier devrait être la satisfaction de ses étudiants et son fonctionnement dépend entièrement de nous, alors nous méritons plus de considération.
Arrêtons de faire comme si de rien n’était, arrêtons de mettre de la glace sur la brûlure. Nous, étudiants internationaux, représentons plus de 20 % de la population estudiantine, alors comment se fait-il que vous ne teniez pas compte de nos enjeux dans la prise de décisions qui nous affectent directement ? Notre déception est flagrante et nous ne trouvons pas l’adjectif idéal pour la qualifier, c’est vous dire combien nous nous sentons peu valorisés. Il est grand temps que la voix internationale se lève pour revendiquer ses droits et se battre pour l’intérêt de ses membres. Pour ce faire, nous utilisons les armes que nous avons.
Nous vous avisons donc que l’AEEIUM ne participera pas à la soirée internationale en février 2014.
Comme vous le savez, la soirée internationale de l’Université de Moncton est l’un des plus grands évènements multiculturels de la ville de Moncton. Elle réunit près de 1 500 personnes chaque année et plus de 150 étudiants internationaux bénévoles qui sont heureux de donner de leur temps et de leur énergie dans l’organisation de cet évènement. La soirée est un grand moment de joie et de partage pour la communauté internationale de l’Université de Moncton, elle donne une grande visibilité à l’Université chaque année et favorise le recrutement à travers l’interculturalisme qu’elle met en exergue.
Pour donner suite à votre décision du 13 avril 2013, nous, étudiantes et étudiants internationaux, après toutes les manifestations et les discussions, avons fini par statuer. Nous estimons que la soirée internationale est une puissante arme, capable de susciter l’intérêt des acteurs dans la communauté du grand Moncton qui ont à coeur la gouvernance de notre institution et la défense des enjeux de la communauté internationale, ainsi que de l’éducation. C’est l’évènement sur lequel nous avons le plein pouvoir décisionnel et nous n’avons plus aucun engouement pour son organisation.
En effet, nous avons déjà assez de mal à subir les conséquences de votre décision et nous ne nous sentons guère en sécurité quant à la hausse probable de l’année prochaine.
Mesdames et messieurs du Conseil des gouverneurs, vous conviendrez avec nous que de cette décision émane à la fois de la force et du désespoir. Vu ce qu’elle représente pour la communauté internationale, l’annulation de la soirée doit être considérée comme une forme de sacrifice, afin de lutter contre des faits que nous jugeons injustes.
Nous continuerons à mener à bien notre mission dans le respect des valeurs que nous prônons, mais nous serons plus insistants quant à nos revendications.
La question qui brûle les lèvres dans la torpeur de l’inconnu est évidemment : y aura-t-il une hausse l’année prochaine ? De combien serat-elle cette fois ? 500, 1 000, 1 500 ou 2 000 $ ? Vous nous direz peut-être que vous n’en avez aucune idée, mais que vous ferez en sorte de la réduire au maximum. Seulement, voyez-vous, nous n’en serons pas plus rassurés. Nous voulons des réponses concrètes. À la suite des nouvelles réformes du gouvernement qui augmente le financement des universités de 4 % sur deux ans et plafonne les hausses des droits de scolarité à 9 % sur trois ans pour les Canadiens et résidents permanents, nous voulons savoir ce que compte faire l’université pour les étudiants internationaux. Quel sort nous est réservé ? Nous demandons un plafonnement de la hausse des frais de scolarité à titre d’étudiants à part entière de l’Université de Moncton. Par ailleurs, l’Université devrait penser une stratégie d’exonération des droits complémentaires de scolarité comme le font déjà certaines universités du Canada dans le cadre de la promotion de la francophonie, étant donné qu’il s’agit là d’une valeur qu’elle prône.
Nous espérons que vous ne ferez pas fi de nos requêtes et que vous tiendrez vos engagements à servir les étudiants. Vous avez tous déjà été étudiants. Vous savez qu’elle est notre réalité. Vous connaissez les difficultés que cela implique. Vous pouvez imaginer ce que cela peut être pour des gens venu d’ailleurs : imaginez le fardeau de nos droits de scolarité deux fois plus chers, en plus des affres du dépaysement, peut-être alors serez-vous capable de mieux comprendre nos réalités. En tout cas, nous l’espérons.
Cordialement,
Le bureau exécutif de l’AEEIUM