Un texte de Pierre losier, directeur général et Raymond Blanchard, agent de recherche et projets
Après avoir complété un premier semestre chamboulé par les nouvelles normes sanitaires appliquées par l’Université de Moncton en réponse à la pandémie de COVID-19, on pourrait croire que l’heure est désormais aux bilans. On pardonnera à qui le croirait, mais loin s’en faut. Le 23 novembre 2020, la FÉÉCUM a fait parvenir une lettre contenant 10 propositions (voir fin du texte) à l’administration universitaire afin d’assurer le respect d’un minimum “acceptable” sur le plan académique à l'Université de Moncton.
Évidemment, il peut y avoir des éléments qui ne plaisent pas à tout le monde là-dedans, qui vont trop loin pour certains et pas assez pour d’autres; notre objectif n’était pas de les faire appliquer en bloc mais bien de nourrir une réflexion institutionnelle sur la qualité de l’expérience académique à distance. Malheureusement, à une semaine du début d’un second semestre marqué par les mêmes restrictions sanitaires, nous attendons encore une réponse concrète. L’administration universitaire nous indique que le travail avance sur cette question, mais sans rien fournir à l’appui. La majorité des problématiques touchées par ces propositions ont été soulevées à plusieurs reprises au semestre d’automne 2020, si ce n’est au cours de l’été précédent, sans que l’administration universitaire n’agisse en conséquence.
Il est donc malheureux de constater que le semestre d’hiver va commencer dans moins d’une semaine et que l’Université de Moncton n’a pas les moyens - malgré ses promesses d’offrir « une excellente formation et une expérience étudiante vibrante » (UMoncton) - de garantir un minimum dans les cours donnés à distance. Le premier semestre nous a permis de constater que plusieurs personnes enseignantes se sont adaptées à divers degrés pour faciliter la transition vers la formation en ligne. La FÉÉCUM félicite ces personnes enseignantes et les encourage à continuer d'œuvrer en ce sens. Il demeure important de savoir reconnaître que les personnes enseignantes vivent également des difficultés, et que ces ajustements leur demandent une quantité de travail qui va au-delà de leur charge habituelle.
Mais il reste une quantité non négligeable de cours où l’on constate plusieurs difficultés. Dans certains cas, au minimum, on peut constater un effort de la part de la personne enseignante mais dans d’autres cas, c’est tout le contraire. C’est très problématique et ça risque d’avoir un impact négatif sur les personnes étudiantes à long terme, car le parcours académique est généralement perçu comme un continuum. Ainsi, la matière qui n’a pas bien été assimilée au dernier semestre risque fort bien de ralentir leur progression dans les cours et les semestres à venir.
Nous sommes d’accord pour dire que l’on ne devrait pas avoir à parler d’un minimum acceptable quand il est question d'éducation. Mais suite au semestre d'automne 2020, force est de reconnaître que l’expérience académique de qualité supérieure que plusieurs personnes étudiantes prennent pour acquis - parce que université - n’est aucunement garantie. Il est aussi vrai que les structures en place rendent toute action liée aux pratiques d’enseignement extrêmement compliquée, comme on en a déjà discuté. (FÉÉCUM)
Mais depuis quand une institution de savoir recule-t-elle face à une question compliquée?
À plusieurs reprises au cours du dernier semestre, la FÉÉCUM a dénoncé la qualité de certains cours, mais peu de changements ont été notés par la masse étudiante. Quand on examine le langage employé dans les notes de services qui donnent les balises du semestre d’automne 2020, on voit une abondance d’expressions semi-croquantes comme « Il est fortement recommandé... », ou « Il est préférable… », qui donnent à penser que rien n’est à considérer obligatoire dans la prestation des cours à distance. Tout en saluant la bonne volonté et les efforts de celles et ceux qui ont fait preuve de bonne volonté et ont adapté leur enseignement en réponse à ces « directives », on peut presque comprendre pourquoi ceux qui n’en avaient rien à cirer se sont sentis bien libres de les ignorer complètement.
Ceci a fait en sorte que l’Université de Moncton s’est vue - et demeure - incapable de garantir un minimium acceptable au niveau de l’expérience académique à l’aube du prochain semestre. Et comme ça va tout de suite, tout porte à croire que le semestre d’automne sera à son tour bouleversé par les mêmes restrictions, ou peu s’en faut. Difficile de parler de problème temporaire (même si la pandémie aura son début et sa fin) quand la moitié d’un programme académique peut s’en voir affectée en bout de ligne.
Comme vous l’aurez déjà entendu dire, il n’est jamais trop tard pour bien faire.
Il demeure qu’en l’absence continue d’une réponse formelle de la part de l’administration universitaire, rien ne nous permet de dire à nos membres que le prochain semestre sera meilleur que celui qui vient de se terminer. Disons quand même que, connaissant le corps professoral, dans la majorité des cas, les personnes étudiantes peuvent s’attendre à des cours de qualité acceptable, et parfois même excellente. Mais le semestre d’automne 2020 nous a montré que ceci n’est pas le cas pour certains cours et nous persistons à croire que l’administration universitaire a un devoir d’établir des normes acceptables dans la qualité de l’expérience académique, avec une attention particulière à la question de l’enseignement.
Si une chose est claire présentement, c’est qu’il est grand temps pour l’Université de clutcher parce que c’est dur d’avancer sur le nul.
Proposition 1A
Il est proposé par les représentant.e.s de la FÉÉCUM, qu’un minimum d’une session synchrone d’enseignement par semaine de cours soit rendu obligatoire pour tous les cours qui ne sont pas donnés en présentiel. Cette session ne peut se limiter à une période de questions, et devra inclure de l’enseignement, tout en étant livrée dans la trame horaire spécifiée à l’horaire officiel.
Proposition 1B
Il est proposé par les représentant.e.s de la FÉÉCUM, que toutes les sessions synchrones soient enregistrées et rendues disponibles aux personnes étudiantes pour la durée du semestre.
Proposition 2
Il est proposé par les représentant.e.s de la FÉÉCUM, que toute personne étudiante n’ayant pas reçu un minimum de 20% de sa note finale avant la date limite pour se retirer d’un cours avec la note R, bénéficie d’un délai de 7 jours après l’obtention de cette première tranche de 20% pour se retirer du cours avec la note R.
Proposition 3
Il est proposé par les représentant.e.s de la FÉÉCUM que le respect de la trame horaire et du calendrier universitaire publié par le registrariat soit obligatoire pour chacun des cours qui s’y retrouve.
Proposition 4
Il est proposé par les représentant.e.s de la FÉÉCUM que l’enseignement à distance se fasse exclusivement par l’entremise de la plateforme Microsoft Teams et en utilisant les comptes @umoncton.ca.
Proposition 5A:
Il est proposé par les représentant.e.s de la FÉÉCUM que toute méthode d’enseignement ou d’évaluation jugée désavantageuse pour les étudiantes ou les étudiants puisse être révisée par un comité qui aura le pouvoir de juger de la pertinence académique de cette approche, et des mesures correctives qui s’imposent pour renverser les dommages causés, le cas échéant.
Proposition 5B:
Il est proposé par les représentant.e.s de la FÉÉCUM que les personnes enseignantes expliquent en classe les critères de correction fondés sur les résultats d’apprentissage qui ont été appliqués, au moment de remettre les épreuves corrigées.
Proposition 6A
Il est proposé par les représentant.e.s de la FÉÉCUM que des précisions soient ajoutées au règlement 8.12 pour clarifier ce que « modalités » et « nature » signifient dans ce contexte. Des éléments visant à clarifier le type d’examen prévu (ex: choix multiples, questions à développer, etc.), les documents ou outils permis (ou interdits) pendant les évaluations, la plateforme et la méthode utilisée pour conduire l’évaluation si elle n’est pas faite en présentiel, et le moyen par lequel l’évaluation doit être remise une fois complétée devraient être ajoutés au règlement actuel pour parer aux manques identifiés.
Proposition 6B
Il est proposé par les représentant.e.s de la FÉÉCUM que la date et la durée de l’évaluation soient incluses comme informations obligatoires dans le plan de cours, de pair avec l’information concernant la reprise de l’évaluation en cas de fermeture imprévue du campus, ou de problèmes techniques dans le cas des évaluations à distance.
Proposition 7
Il est proposé par les représentant.e.s de la FÉÉCUM qu’une personne étudiante qui subit les conséquences d’un manque aux Règlements universitaires puisse faire l’un des trois choix suivant pour réparer les torts qui lui auront été causés :
i - Garde le statu quo;
ii - Choisir le système de notation S et NS pour la note finale du cours concerné;
iii - Retirer l’évaluation touchée par le non-respect des règlements du calcul de sa note finale.