Texte : Raymond Blanchard, agent de recherche et projets
Photo : Marc-Samuel Larocque, agent de communication
La pandémie de COVID-19 ne semble épargner personne, et il reste impossible de prédire quand elle prendra fin, même si la troisième phase du plan de rétablissement du N-B vient d’être lancée. (GNB)
Règle générale, avant l’arrivée (sans oublier la distribution très large) d’un vaccin efficace contre le virus, les experts s’entendent pour dire qu’il ne peut pas y avoir de retour à la normale. Même après le vaccin, en fait, plusieurs choses devraient changer de façon permanente dans nos façons d’interagir entre nous, de même que notre rapport avec l’environnement. (Radio-Canada)
On doit en comprendre que même la normale est appelée à changer. Mais comment? Seul l’avenir peut nous dire quelles leçons l’humanité est prête à tirer de cette pandémie.
Parlant de ça, une semaine avant que le N-B lance la phase «jaune pâle» de son plan de rétablissement, (Radio-Canada) l’Université de Moncton annonçait (un vendredi, à 16h30, avant une longue fin de semaine, tsé, quand tu veux vraiment parler d’un sujet?) qu’un plan pour l’automne sera rendu public d’ici le 1er juin. L’annonce nous apprend peu, sinon que la priorité sera donnée à l’enseignement à distance. (UMoncton)
Un deuxième message a été envoyé le 22 mai, suite à l’annonce faite par la province, disant pour l’essentiel que phase jaune ou pas, l’Université de Moncton ne dévie pas du plan annoncé pour l’instant. (UMoncton)
Bien malgré tout les changements - durables comme temporaires, mais tous inévitables aux dires de bien des experts - la plupart des gouvernements sont avant tout terrorisés par les conséquences économiques de la pandémie et se sont empressés de mettre en place des plans de réouverture. (Radio-Canada) Certains, plus empressés que d’autres, on pu ouvrir un peu trop vite - nos voisins américains, par exemple (Journal de Montréal) - pour secourir leur économie, au prix de nombreuses victimes qui n’ont pas les moyens de se protéger. (Le Devoir) Ce sacrifice semble malheureusement acceptable au yeux de certains, qui les ont. (Human Rights Watch)
Or donc, vive la prudence en la matière, même s’il faut rester conscient de l’impact individuel des mesures de confinement; tous n’ont pas le luxe de pouvoir travailler à distance, par exemple. Plusieurs sont carrément opposés aux mesures de confinement, au point de manifester pour exiger leur levée immédiate (Radio-Canada) Mais avec un masque, bien entendu.
Le plan provincial est tout de même élaboré en tenant compte de l’imprévisibilité de la COVID-19. Le nombre de nouveaux cas doit demeurer en-dessous d’un certain seuil pendant deux à quatre semaines, avant de passer à la phase suivante. (Acadie Nouvelle) Du moins, c’est la norme qui s’est appliquée jusqu’ici; la phase verte, le « retour à la normale », doit attendre après le vaccin peu importe le temps qui s’écoule sans vague de nouveaux cas. Il ne peut y avoir que régression dans les étapes à compter de maintenant. Ceci dit, il ne faut pas désespérer pour autant.
Après l’annonce d’un premier relâchement des directives de confinement, le 24 avril, le « meilleur scénario » semble s’être maintenu au N-B, avec l’ajout de trois nouveaux cas dont un seul demeure actif. (Acadie Nouvelle) 120 des 121 cas confirmés au N-B sont considérés rétablis, et aucun décès résultant de la pandémie n’a été annoncé dans la province jusqu’ici. À vrai dire, l’Atlantique en général s’en tire mieux que le reste du pays. (Radio-Canada)
N’empêche que la propagation plus lente de la COVID-19 chez nous ne signifie pas un risque moins grand qu’ailleurs au pays ni dans le monde. Dès le début mars, il fut clair que l’enseignement se ferait à distance pour le reste du semestre. Comme la présence des étudiant.e.s ne serait plus requise sur le campus, ceux-ci furent invités à rentrer chez eux. (UMoncton) Cette suggestion est devenue une obligation après la déclaration de l’état d’urgence au N-B, pour les étudiant.e.s dans les logements universitaires. (UMoncton) Plusieurs furent exemptés de l’ordre de départ, sous réserve de prouver l’impossibilité de quitter. D’après l’information obtenue du Service des logements, il y reste moins de 130 locataires.
Si la situation jusqu’à la fin du semestre était *relativement* claire, bien des questions restaient quant à ce qui adviendrait après le 30 avril - particulièrement dans le cas des étudiant.e.s internationaux coincés au Canada. Il leur fut permis de demeurer dans les logements universitaires jusqu’au 16 août, au coût habituel; dans le cas de ceux qui étaient à Lefebvre (où il n’y a pas de cuisine dans les chambres), à Médard-Collette ou à P-A Landry, des logements libres à Lafrance ou au 150 Morton ont pu leur être loués.
Plusieurs étudiant.e.s ont quand même pu rentrer à la maison, sans oublier que plusieurs vivaient déjà dans la région. Sans dire que ces derniers sont épargné.e.s par la crise - loin s’en faut - l’accès à l’aide et au soutien sous toutes ses formes qu’il leur faut pour la traverser sera, espérons-le, plus évident.
Dans un prochain texte, on s’attardera à la question de l’aide financière d’urgence et des programmes qui ont été mis en place pour aider les étudiant.e.s durant la pandémie, et après. Maintenant qu’on peut enfin voir clair dans tout ça après des semaines d’incertitude, le moment semble venu pour faire un retour complet.
Entre temps, avec la réouverture progressive des entreprises dans la province, en dépit de pouvoir voyager à notre gré, il deviendra peut-être possible pour les étudiant.e.s de trouver un emploi pour subvenir à leurs besoins. On sait que M. Higgs aurait aimé voir les chômeurs et les étudiant.e.s se ruer dans les champs des cultivateurs et les shops à poisson de la province, après avoir bloqué l’entrée des travailleurs temporaires dont ces derniers dépendent pour fonctionner. (Radio-Canada) Mais on sait aussi que les gens ne se garrochent pas pour le faire, au point où des usines de transformation en sont à embaucher des jeunes de 13 ans. (Radio-Canada)
Peut-être doit-on y trouver les raison pourquoi le gouvernement revient sur sa décision? Quoi qu’il en soit, le changement de cap est bien accueilli; le moment, un peu moins. (Acadie Nouvelle)
Alors en dépit du fait que le N-B progresse plus vite que d’autres juridictions sur la voie du rétablissement, l’incertitude persiste - chaque pas en avant vient au risque de deux pas de l’arrière, comme on sait - et on en reste à se demander ce qui arrivera le premier entre le retour à la normale, ou le retour à l’anormal.
Aucune position officielle du C.A. de la FÉÉCUM ne devrait en être nécessairement interprétée.
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