Texte : Raymond Blanchard, agent de recherche et projets
Photo : Marc-Samuel Larocque, agent de communication
Nous voici à un peu moins de deux semaines de l’élection fédérale et, admettons-le, hormis les scandales et les accusations qui volent entre les chefs de parti, il n’y a pas grand chose à se mettre sous la dent. On l’a carrément baptisée «la campagne électorale du flashback» dû à la fixation des chefs sur le passé de leurs adversaires plutôt que sur l’avenir du pays. (Radio-Canada)
J’acquiesce.
La ronde des débats télévisés devait nous fournir du concret, du moins en principe. Mais les principes sont comme les manteaux, dès que ça commence à chauffer ils prennent vite le bord. Si le premier débat, en français, s’est déroulé sur un ton généralement civil, plusieurs sont d’avis que la retenue était imputable au fait que deux des quatre chefs invités devaient s’exprimer dans leur 2e ou 3e langue. (Le Soleil) Le débat anglophone, à six candidat.e.s, a rapidement dégénéré en ce qu’il convient de qualifier de joute d’insultes plutôt que d’échange éclairant, sous l’impulsion de Scheer vs Trudeau. Difficile de dire qui a «gagné» en bout de ligne - est-ce utile, s’il s’agit de confronter les idées? - mais à coup sûr l’électorat en sortait grand perdant. (La Presse)
Le dernier débat, également à six chefs mais cette fois en français, nous a aussi permis d’entendre ces derniers s’exprimer sans (trop) se faire interrompre par les insultes. Évidemment, mathématique électorale oblige, les enjeux proches au Québec ont dominé au niveau des thématiques. (Radio-Canada)
Mais on va quand même faire un petit tour des programmes avancés par les principaux partis, question de se donner une idée de ce qui est proposé. Précisons que j’ai carrément exclus (l’exclusion étant réciproque) le Bloc québécois de notre examen. Si vous votez dans la Belle province, je vous invite à consulter leur programme. (BQ)
Je tiens à clarifier que tout ne sera pas dit sur chacune des plateformes et qu’on choisit ici de prioriser les enjeux qui touchent au plus près la population étudiante et la jeunesse au sens large. Même là, toutes les initiatives ne seront pas forcément nommées. Enfin, quant à analyser la pertinence ou estimer l’impact réel des mesures mises de l’avant, je préfère m’abstenir et laisser cela à votre jugement.
Il faut aussi parler brièvement des plateformes. Le Parti conservateur du Canada n’a pas (encore?) rassemblé ses propositions dans un document formel, et choisit de partager sa vision par le biais de déclarations et de communiqués (PCC), au cas-par-cas. C’est différent, mais pas nécessairement mauvais; ceci ne se veut pas un jugement de valeur. Ceci dit, puisque leur vision se définit au fur et à mesure, comprenez que les propositions (ou le vide) notées ici ne peuvent pas être considérées comme définitives.
À l’opposé, les autres partis ont présenté une plateforme électorale, que je vous recommande de consulter afin d’en savoir plus long sur les bribes que j’en tirerai ici:
Sur ce, jetons d’abord un regard au domaine de l’éducation postsecondaire (EPS). il faut savoir que le domaine est essentiellement de compétence provinciale. Ceci dit, le fédéral contrôle 60% de l’aide financière aux étudiant.e.s, ce qui se reflète dans les propositions :
Ensuite, l’enjeu qui, de l’avis de plusieurs, devait définir cette campagne mais qui, faute de dominer les plateformes des principaux partis, tombe un peu dans l’oubli, et j’ai nommé l’environnement et la lutte aux changements climatiques :
1. Parti Conservateur
2. Parti Vert
Parlons aussi des relations avec les Premières Nations, spécifiquement dans le cadre du rapport de la Commission vérité et réconciliation (CVR), des conclusions de l’Enquête sur les femmes autochtones disparues et assassinées (EFADA), et de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des populations autochtones (DNUDPA) :
1. Ceci dit, le chef conservateur fut hué par l’Assemblée des chefs des Premières Nations, après avoir déclaré que les détails seraient dans sa plateforme quand on lui demanda de décrire sa vision de la réconciliation. (La Presse)
Sans oublier la question des droits des femmes et des droits de la communauté LGBTQ+, notamment l’accès à l’avortement, de même que l’accès aux soins de santé, et l’épineuse question des thérapies de conversions, toujours permises en bien des endroits du pays :
Sur la question des langues officielles :
Et enfin, l’immigration et l’accès à la citoyenneté :
Alors voilà, alors que la fin de la période de vote par anticipation arrive à grand pas, et que le scrutin du 21 octobre semble de moins en moins éloigné, espérons que vous resterez à l’écoute des candidat.e.s, que vous saurez demeurer réceptifs à ce qu’ils vous proposent et tout aussi conscient.e.s de ce qu’elles et ils laisseront de côté dans leurs propositions.
Parce que, partis comme ça l’est tout de suite, il ne faudrait pas écarter la possibilité de devoir élire entre les lignes.
Aucune position officielle du C.A. de la FÉÉCUM ne devrait en être nécessairement interprétée.
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