
par Raymond Blanchard, agent de recherche et projets
Pensez à ce qui vous agace le plus présentement. À en bouillir de rage :
ROB FORD!!! (On obtient le même effet en substituant YVON FONTAINE!!!)
Et voilà; de quoi on parlait, encore?
Drôle, comment le scandale des dépenses du Sénat s’est «réglé» juste quand ça menaçait de s’embourber et de mener à encore plus de révélations gênantes pour le bureau du Premier ministre. Et ça coïncide avec Congrès national des conservateurs, hmmm.
Le réseau CBC rajoute de jour en jour des nouvelles concernant le tragi-comique maire de Toronto, qui est visiblement aux prises avec des troubles bien plus profonds que les symptômes évidents sont en mesure de le révéler.
On a d’abord ri de lui. C’était commode.
Puis on a exigé sa démission. Évidemment, le type est une machine à scandales.
Ensuite on s’est avoué inquiet. Fallait ben.
En bout de ligne, Ottawa compassionne. Et maintenant, ça devient de la stratégie politique.
Je m’explique :
Quand Harper a acquis la majorité au Parlement, en 2011 (je sais, ça fait JUSTE deux ans) la grande région de Toronto, avec ses nombreuses circonscriptions, était sous le charme de Rob Ford. Élu maire de Toronto en décembre 2010, Rob Ford provient d’une famille conservatrice (son père Doug ayant fait partie de la législature ontarienne du gouvernement Harris), et entretient des liens avec le Parti conservateur tant provincial que fédéral.
Disons que ça a aidé Harper à virer des capots de bord dans une région traditionnellement libérale.
Et une région qui continue à soutenir son maire en dégringolade, selon les sondages. On serait donc mal avisés, à Ottawa, de taper trop dur sur Ford; après tout, une commission de redécoupage des circonscriptions fédérales vient d’ajouter 15 sièges dans son coin de pays… Et pourtant, il faut bien continuer à en parler – même sur un ton plus doux – parce que l’alternative reste de parler de tout ce qui ne va pas, et de moins en moins, avec un pouvoir conservateur qui peine à maintenir un vernis de démocratie (parce que du vernis ça tient mal sur fond d’huile, en général).
Et comme nous sommes à l’orée d’une campagne électorale provinciale, on peut s’attendre à voir un peu de cela aussi au Nouveau-Brunswick au fil des mois qui s’en viennent : quels seront les enjeux? Quelles seront les distractions?
Réflexions à suivre…