
Texte de réflexion par Raymond Blanchard, agent de recherche et projets.
N’allez pas croire que je suis en deuil, non : je parle des programmes d’aide financière aux étudiants du Nouveau-Brunswick.
Après quelques années de remue-ménage (et rien ne garantit que ce soit terminé) par le présent gouvernement à Fredericton, il semble plus pertinent que jamais de refaire un tour du jardin en ce qui concerne les moyens qui restent à la disposition des étudiant.e.s pour alléger le fardeau de leur dette étudiante.
1. Programme de Droits de scolarité gratuits (DSG)
C’est le préféré de la famille: ce programme lancé avec une confiance mal justifiée vu la maladresse avec laquelle les premières interventions de la ministre en charge à l’époque l’a présenté au public (FÉÉCUM), assure aux étudiant.e.s de familles à faible revenu (60 000$ ou moins avant impôt) la gratuité des études postsecondaires. Nul besoin de remplir une demande, le DSG est automatiquement appliqué à votre facture, au moment où votre prêt étudiant est encaissé par l’institution.
Financé par l’abolition d’un programme auparavant accessible à tous les diplômés sous la forme de crédits d’impôt sur la scolarité pouvant totaliser jusqu’à 20 000$ (FÉÉCUM) et d’autres crédits d’impôt pour l’éducation, et par des coupures importantes à un second programme que nous verrons plus loin (le PAÉ), le DSG agit essentiellement en rassemblant la totalité de l’aide financière disponible et en l’appliquant directement sur la facture, pendant les études, plutôt qu’après l’obtention du diplôme. Malgré tout, le DSG n’est pas parfait, notamment en raison du grand nombre d’étudiant.e.s pénalisées par les coupures qui ont servi à le financer (FÉÉCUM).
C’est par cette voie qu’on en arrive au second programme :
2. Programme d’allègement des droits de scolarité pour la classe moyenne (PADS)
Le petit dernier : en réaction aux nombreuses critiques sur le DSG, qui créait plus de perdants que de gagnants en plaçant la limite du revenu familial admissible pour la majorité des bourses au seuil de 60 000$, le gouvernement a lancé le PADS. Ce dernier fournit de l’aide financière aux étudiant.e.s de famille à revenu moyen, soit entre 60 001$ et 123 500$ tout dépendant de la taille de la famille (GNB). Les montants remis vont couvrir un pourcentage des droits de scolarité variable d’un cas à l’autre : plus le revenu familial augmente, plus le PADS diminue. Il est prévu que le programme puisse couvrir jusqu’à 98% de la scolarité (GNB).
Il est pertinent de noter que des informations précédentes sur le site du gouvernement (qui a été mis à jour depuis) donnaient à croire que la PADS remboursait un montant plus ou moins fixe plutôt qu’un pourcentage de la scolarité (FÉÉCUM). La différence est significative, surtout si le coût de la scolarité continue d’augmenter.
Comme pour le DSG, le PADS est automatiquement appliqué sur le prêt étudiant, de sorte à réduire la partie remboursable à la fin des études. Puisque le PADS entrera en vigueur à l’automne 2017, il est difficile pour le moment de juger de son efficacité; d’ailleurs on ne pourra véritablement l’évaluer que sur la longue durée.
Après l’obtention du diplôme, sous certaines conditions, un autre programme peut vous aider :
3. Programme de prestation du N-B pour l’achèvement des études dans le délai prévu (PAÉ)
L’aîné du groupe. Ce programme datant de 2008 a survécu alors que son collègue plus efficace, le Programme de rabais sur les droits de scolarité (RDS) est tombé au combat, victime apparente de son succès (FÉÉCUM). À l’origine, le PAÉ permettait d’éliminer toute dette étudiante au-dessus de 26 000$ (donc, à la fois la scolarité et les autres coûts liés aux études). Toutefois, juste avant de lancer le DSG, ce seuil a été augmenté à 32 000$.
On constate deux problèmes majeurs avec la PAÉ, en-dehors du changement apporté au seuil d’admissibilité. De un, il est obligatoire de terminer son programme dans les délais prévus pour y être admissible. C’est problématique, en gros, parce que les étudiant.e.s avec le plus grand besoin financier sont typiquement plus susceptible de devoir interrompre leurs études, et donc de ne pas rencontrer les exigences. De deux, l’application au programme n’est pas automatique : il y a un délai maximum de sept mois pour faire application après la fin des études, et le PAÉ semble faire l’objet d’une directive de zéro promotion (GNB). Pour plus d’information sur les problèmes et le fonctionnement du PAÉ, voir (ici).
Avec la venue des deux autres programmes, il ne serait pas surprenant de voir la PAÉ disparaître dans un avenir rapproché – mais rien n’indique que ce soit planifié pour l’instant.
Et puis, si vous éprouvez des problèmes financiers, il y a encore le programme d’aide au remboursement (PAR) pour les personnes admissibles (Gouvernement du Canada). Le PAR limite vos versements mensuels à un maximum de 20% du revenu (GNB). Mais ça, évidemment, c’est après l’obtention du diplôme.
Il reste quand même d’autres options pour réduire la dette pendant les études :
4. Programme Connexion Nouveau-Brunswick Assurance-Emploi
Saviez-vous qu’il est possible de recevoir des prestations d’assurance-emploi pendant que vous êtes aux études? Les étudiant.e.s à temps pleins qui sont sans emploi peuvent percevoir leurs crédits d’assurance-emploi durant les études. D’après l’information sur le site du gouvernement provincial, ce sera cependant la seule aide financière qui pourra être reçue. Si vous avez un prêt, on pourrait croire que vous n’êtes pas admissibles - mais des exceptions existent (bien qu’elles ne soient pas évidentes dans la documentation disponible), alors ça vaut la peine de vérifier. Des rapports doivent être faits à Service Canada tous les quinze jours (GNB).
5. Bourse d’entretien du Nouveau-Brunswick
Si vous avez un prêt étudiant et que votre besoin financier dépasse l’aide à laquelle vous êtes admissibles, vous pourriez être éligibles à une bourse d’entretien allant jusqu’à un maximum de 130$ par semaine d’étude. Ces bourses sont automatiquement appliquées sur le montant de votre prêt (GNB).
OK, ça fait le tour de l’aide provinciale qui reste disponible pour réduire le fardeau de votre dette étudiante. Évidemment il y a aussi des programmes ciblés pour les apprentis, de même que pour la création d’emplois pour les nouveaux diplômés, mais on se limite ici à la question de l’endettement étudiant et des moyens de le réduire. Si ça vous intéresse, le gouvernement a égrainé son chapelet de programmes quand il a lancé le PADS en février dernier (GNB).
Maintenant, au travail!
Texte de réflexion - aucune position officielle du C.A. de la FÉÉCUM ne devrait en être nécessairement interprétée.